INTERVIEW : Dust on my Lens
Présente-toi en 2 phrases (âge, pays/région et métiers)
Je m’appelle Sabrina Ambre Biller, artiste-auteure je travaille en freelance comme graphiste designer, photographe et illustratrice sur toute la France et plus loin si l’opportunité se présente sinon j’habites en Nouvelle-Aquitaine.
As-tu des influences particulières ?
Oui et énormément nous sommes perpétuellement dans un monde d’images. Le plus grand travail pour ma part est celui de l’épure, permettant de se détacher de ce qui nous influences de manière consciente et inconsciente pour être avec sa propre démarche d’écriture. On trouvera toujours une paternité à un travail, une famille de style il est important de ne pas la renier mais de savoir également s’en détacher. Mes influences sont également des souvenirs, des sensations, des couleurs, des odeurs, des oeuvres picturales des grands maitres de la peinture classique, comme les romantiques allemands de la fin du 18ème, les flamands hollandais, la renaissance italienne ou plus contemporain de l’abstrait aux arts numériques, la littérature et la poésie, la musique mais aussi les atmosphères propres au cinéma. Ça fait beaucoup ! et c’est avec tout ceci, cette matière que je peux composer mon travail.
Peux-tu nous parler un peu de ton parcours et nous en dire un peu plus sur ce qui t’a amené jusqu’à la photo ?
L’appareil photographique à toujours été présent dans ma famille et dans ma vie depuis que j’ai pu tenir un appareil photo. Depuis l’enfance j’ai eu une grande passion pour l’art donc il m’a fallu du temps pour appréhender le médium qui me correspondait le mieux, il y a tellement de formes d’écritures intéressantes : dessin, peinture, sculpture, gravure ou écriture, chacune avec sa spécificité et son temps. J’ai commencée très tôt à prendre des cours de dessins puis par suivre après un bac en art appliquées des études à l’université en Arts Plastiques à Strasbourg et un parcours dans la médiation, l’ingénierie culturelle et pour finir dans les métiers de l’édition. C’est donc aussi naturellement assez jeune que j’ai commencé la photographie avec mon premier appareil un Minolta Autopak (une pièce vintage de la fin 70’s) mais j’étais inconditionnellement attirée par l’appareil reflex argentique de mon père; pour l’anecdote familiale c’est en ouvrant une boite à biscuit en fer qui se trouvait dans le garage de mes parents que j’ai découvert un ensemble de tirages photographiques allant des années 30 à 50 c’est ainsi que tardivement j’ai appris que mon grand-père paternel avait aussi cette fibre photographique. Dans un premier temps il y a eu des allers-retours avec l’argentique dans mes premières années à l’université ; puis cette exploration a continué avec un moyen format argentique prenant toujours plus d’ampleur jusqu’à aujourd’hui avec mon reflex numérique, mais j’utilise encore avec beaucoup de plaisir mon boitier rollflex.
Aujourd’hui pour toi la photo, c’est un loisir ou une source de revenu ?
Ma démarche photographique est principalement nourri par l’observation de la nature, du paysage, des rapports de l’homme avec son environnement, cette question fondamental de l’altérité se prolonge actuellement au travers de travaux autour du portrait car nous sommes les témoins de notre temps.
La photographie plasticienne pour moi ce n’est pas un simple loisir car elle s’inscrit pleinement dans mon travail d’artiste-auteure et ceci presque au quotidien, mais elle n’est pas non plus une source de revenu qui me permet d’avoir un budget équilibré c’est pourquoi je travaille en freelance proposant des prestations comme directrice artistique ou designer graphique, photographe et illustratrice.
Avec quel matériel shootes-tu ?
J’utilise principalement un reflex Canon avec différentes optique allant du 16 au 200mm que j’utilise suivant l’envie, le lieu et/ou le poids. Mais je sors aussi mon rollflex pour certains projets.
Tous les photographes ont leur objectif « fétiche », quel est le tiens ?
Difficile de choisir actuellement ce serait mon 16-35mm, mais suivie par mon mon 70-200mm c’est l’objectif avec lequel je suis le plus en phase dans la nature mais j’aimerais davantage travailler avec des focales fixes 135mm et 400mm.
Quel(s) logiciel(s) utilises-tu ?
Lightroom pour le dérawtiser et Photoshop pour la post-production c’est la phase de mise en valeur de la photographie que j’avais dans la tête quand j’étais derrière mon objectif.
Tu as fait de la photo de paysage une spécialité, qu’est ce qui te plaît autant dans cette exercice ?
La nature nous ramènes à l’essence même du vivant. Je suis quelqu’un qui aime être au coeur de celle-ci ou de prendre le temps de la traverser par le biais de la marche, j’aime observer dans le paysage ce qui est à priori invisible. J’aborde le paysage comme un territoire permettant de mettre en avant les questions existentielles de l’altérité. Questionnement parfois plus distancié mais qui renvoi à ce positionnement interrogatif de notre place dans la Nature. Même si mes prélèvement photographiques ont une portée personnelle indéniable. Ils sont aussi cette dimension tout aussi universelle, il s’agit simplement de nous sortir de notre cécité quotidienne et de voir le monde à travers le vivant. On oublie souvent d’y prêter attention pourtant tout est là, il suffit de s’arrêter pour l’observer, alors on voit la subtilité qui s’offre à nous, la complexité et la simplicité.
Tu as d’ailleurs sorti en 2017 un ouvrage en collaboration avec un auteure. Peux-tu dire quelques mots sur ce projet ?
Dans mon deuxième livre paru fin 2017 Terra Incognita est accompagnés des textes de Lior Nadjar aux éditions Les Presses Littéraires, on y retrouvent un ensemble de photographies composées essentiellement de paysages et d’éléments (plante, arbres, roches…) dont l’ensemble ont été pris en France au détour de pérégrinations sur les terres d’Auvergne, de Bretagne, de la Petite Camargue, des Cévennes, de la Gironde, Landes, du Languedoc, du Larzac, Lozère, des Pyrénées Catalanes. C’est un ouvrage qui nous amène à questionner notre regard sur le monde et nous propose un portrait délicat de ces moments de communion avec la nature.
Qu’emmène-tu lorsque tu pars en sortie photo ?
Mon appareil, des batteries chargées, des cartes SD et je pars toujours avec un trépied léger
Avec l’expérience, qu’as-tu appris à ne jamais oublier en sortie ? As-tu un conseil à donner à ceux qui aspirent à faire cet exercice ?
Penses à faire une check-list pour son matériel et un bon sac à dos. Aiguiser son œil à la beauté, à la lumière, au vivant et laisser aussi filer des photographies, être vigilant afin de nettoyer son œil de tout ce qui nous parasite et laisser le plaisir prendre racine.
As-tu un fail mémorable depuis tes débuts ?
Ah oui plusieurs dont certains je penses nous avons un peu tous connus entre l’oubli de la SD carte, les batteries et voir même de l’appareil photo oui ça arrive aussi, mais pour ma part le plus impressionnant été dans un moment de précipitation un décrochage de mon télé-objectif que j’avais mal enclenchée mais heureusement un bon reflex m’a éviter la casse, depuis j’ai appris à vérifier par deux fois.
De tous les paysages que tu as vu, lequel t’as le plus marqué ?
Impossible de répondre à cette question, j’ai une histoire personnel avec chaque lieu rencontré parfois plus intense, agréable mais l’inverse aussi. Mais j’ai naturellement un attachement fort avec les forêts.
J’te laisse le mot de la fin pour nous parler de ton actualité et de tes projets à venir.
J’ai envie d’approfondir certains projets comme celui que je mènes avec la Matrioshka & Cie autour du portrait et du féminin. De pouvoir finaliser sur cette année 2018-19 un projet en gardant cette démarche de partage, de contribution, de témoignage et de contemplation. D’approfondir les procédés de développement anciens en photographies pour allier les techniques anciennes et modernes afin d’obtenir certains rendus plus picturaux. De continuer à donner du sens à cette dimension de rencontres au travers d’expositions, d’ateliers et des projets éditoriaux.